La problématique du piratage audiovisuel numérique reste et demeure un sujet d’actualité. De ce fait, elle interpelle tous les acteurs du monde de la communication et singulièrement les régulateurs africains en charge de la communication audiovisuelle. Et le sujet constitue depuis hier sur les hauteurs de l’hôtel Mont Febe à Yaoundé l’essentiel des travaux relatifs au Séminaire international sur la lutte contre le piratage des contenus audiovisuels via Internet. Dans son exposé inaugural axé sur les « Enjeux et défis de la lutte contre le piratage audiovisuel », la Burkinabé Béatrice Damiba, présidente de l’association Convergence ayant pour mission principale la protection, la valorisation et la création audiovisuelle en Afrique en luttant particulièrement contre le piratage, a tiré la sonnette d’alarme sur la consommation illégale des contenus audiovisuels. Ceci parce qu’elle génère un manque à gagner pour la filière cinématographique et audiovisuelle. « Cette consommation illégale entraîne la réduction des investissements et offre moins de travail aux producteurs et réalisateurs qui vivent dans la précarité. Sans oublier que les consommateurs subissent eux aussi le non-respect des règles de déontologie, parmi lesquels l’absence d’application du droit des mineurs, entre autres », a relevé la présidente de Convergence. Cet exposé riche d’enseignements a suscité l’intérêt des participants.
Selon l’Organisation internationale de la protection intellectuelle, 1/10e des abonnements payants en Afrique francophone sont légaux. Pourtant, l’audiovisuel occupe 30 millions de personnes dans le monde et génère 250 milliards de dollars. Comme tout secteur florissant, l’audiovisuel génère son propre poison qui n’est autre que le piratage. Celui-ci étant un système économique informel basé sur l’exploitation et la commercialisation illicite et illégale des produits et des productions audiovisuelles. Pour l’ancienne présidente du Conseil supérieur de la communication du Burkina Faso, les régulateurs africains en charge de la communication audiovisuelle doivent prendre la pleine mesure de la situation. Car, si rien n’est fait, l’industrie de l’audiovisuel court à coup sûr vers sa perte. « Nous sommes en situation d’urgence et il faut agir face au pillage des biens intellectuels et des produits de l’esprit. Ceci parce qu’avec le développement d’Internet, les vols de la propriété intellectuelle s’affinent et se généralisent dans le monde et en Afrique soit par câble, ondes, Internet, smartphones, boîtiers Android, peu importe la technologie ou le support utilisé. Diffuser les programmes sans l’autorisation des titulaires de droit, c’est soustraire frauduleusement l’œuvre ou l’investissement d’autrui », ajoute Béatrice Damiba. Cet amer constat interpelle donc tous les participants qui devront au cours des travaux trouver un antidote à ce « poison » qui tue à petit feu les contenus audiovisuels via Internet.