Assainissement dans les transports: les clandos ciblés à Maroua


De nombreux transporteurs foulant aux pieds la règlementation en vigueur, sont dans le collimateur des autorités dans l’Extrême-Nord

Cet endroit est appelé  « Carrefour para ». Nous sommes à l’entrée Ouest de la ville de Maroua. Dans le jargon des transporteurs clandestins, c’est un « point d’attaque » ; le lieu où les uns et les autres viennent placer leurs véhicules pour desservir les localités telles que Mouda, Moutourwa, Kaélé, dans le Mayo-Kani, Gazawa dans le Diamaré et Mokong dans le Mayo-Tsanaga.  Ce mardi 20 juin une colonne de cars de transport est en place. « Aujourd’hui est jour du marché hebdomadaire de Moutourwa, de nombreux véhicules s’y sont rendus de bonne heure », fait savoir un habitué du coin. Tout autour, des chargeurs de véhicules proposent leurs destinations aux passants. Chacun se bat à faire le plein. En une dizaine de minutes, le véhicule est surchargé. Cinq personnes par rangée et non quatre comme l’a prévu le constructeur. Ce n’est pas tout, les passagers doivent prendre leur mal en patience car, en plus des bagages qui sont déjà suffisamment chargés, il faut ajouter une salle à manger, un salon rembourré, une penderie appartenant à un dernier passager. Il s’agit d’un   gendarme qui regagne son nouveau poste d’affectation. Le véhicule est visiblement déséquilibré. « Les bagages que j’ai chargés ne pèsent même pas contrairement à ceux d’hier », dit le conducteur pour rassurer les passagers. Le véhicule peut alors partir, non sans avoir été poussé par des chargeurs ; faute de démarreur.

Au quartier Kakataré, à un point de ramassage des usagers en destination du département du Mayo-Sava, notamment Mora et Tokombéré. Ici, des véhicules sont en train de charger. C’est non loin d’une agence de voyage. L’avantage que les passagers ont ici, c’est que leurs bagages sont transportés à vil prix. Une astuce qui paie, puisque certains passagers sont vraiment démunis. Mais alors, le passager doit savoir supporter la surcharge puisqu’ici, le banc conçu pour quatre passagers en prend cinq, voire plus. « Si je ne surcharge pas, je ne peux rien avoir car il y a des contrôles en route », lâche Modibo Alioum, un transporteur. « Et en plus, il me faudra acheter une palette d’eau car parfois, nos amis qui sont en route ont soif », poursuit-il. A un autre site, au lieu-dit ‘’Comice’’, non loin du terminal de certaines agences de transport, la notion de confort n’existe pas aussi. De même, la surcharge est la règle d’or. Ces véhicules rallient Maroua et Kousseri. Ce qui caractérise ce lieu de ramassage, c’est que les voitures qu’on y trouve sont pratiquement résistantes à l’épreuve du temps ; certaines ont fait le « moyen-âge » et continuent à rouler en « temps moderne ». Malgré les années écoulées, ils sont bien adaptés pour les terres argileuses de l’Extrême-Nord.

 

Réactions

 

Bouba Samaki: « Il y a trop de désordre dans le secteur »

Usager

« A propos des transporteurs  clandestins par voiture, je trouve que le secteur est un peu mal organisé parce que je vois là-bas qu’il y a trop de désordre. En allant souvent au village, je prends le car en route, mais le conducteur surcharge jusqu’au porte-bagages. Il faudra que l’Etat essaie de voir ce genre de transport. Il y a quand même un désordre. Parfois, je préfère aller à l’agence ou bien je prends la moto « clando ».

 

Anima: « Il faut que ce mode de transport soit assaini »

Fonctionnaire

« Le secteur de transport clandestin est tout à fait en désordre. Je remarque vraiment les surcharges graves. Et de même ces véhicules ne sont parfois pas en règle, moins encore l’état technique des véhicules. Nous observons cela un peu partout. Ce qui fait que les risques d’accident sont légion. Je souhaite que l’Etat assainisse ce secteur.  Certes ils font leur travail, mais il faut juste que l’Etat les aide à mieux s’encadrer eux-mêmes».

 

Gilbert Mbalam: « Nous prenons des risques énormes »

Cultivateur

« En tant que client des clandestins, nous savons bien que nous prenons des risques énormes, mais on va faire comment ? Puisque les véhicules des agences ne vont pas dans les villages reculés. Et nous sommes obligés de faire avec. Dieu aide chacun dans son travail, nous ne voulons pas seulement qu’il y ait des accidents.»

 

Damba Tizi: « Leurs  chargements ne rassurent personne »

Usager de la route

« Les clandos ont beaucoup de problèmes. Quand je monte dans ces véhicules en surcharge, je ne suis pas du tout à l’aise à cause de leur état. Leurs  chargements ne rassurent personne et c’est ainsi qu’on a plutôt confiance aux agences car elles sont en règle. Peut-être que l’Etat pouvait investir dans ce secteur en achetant des véhicules à mettre à la disposition des mairies par exemple. L’encadrement est souvent difficile, mais il faut qu’on essaie quand même de montrer un visage positif de notre pays».


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