Consternation et choc, en avril dernier, pour des milliers de Camerounais ayant injecté leur argent dans la Mission d’intégration et de développement pour l’Afrique (Mida). L’organisation basée à Yaoundé au quartier Ahala, lieudit « Repos du chef », est interdite de toute activité. D’abord, sur tout le ressort territorial du département du Mfoundi par le préfet Jean- Claude Tsila. Ensuite, un communiqué du ministre de la Communication daté du 21 avril 2018 annonce la fin des activités de cette organisation.
Des investigations menées par le gouvernement, il apparaît que la Mida opérait à Yaoundé depuis septembre 2017. Elle proposait une formation relative à « la prévention des crises civiles et militaires » aux jeunes, contre une contribution de 12 000 F. A la fin de la formation, une somme de 70 000 F était rétrocédée à chaque participant pour soutenir son « projet d’insertion économique ». Appâtés par le gain facile d’argent, ils sont des milliers à souscrire à ces formations, participant même à plusieurs sessions. L’organisation offrant à chacun la possibilité d’inscrire un nombre indéterminé de personnes et de toucher des commissions non négligeables sur chacune d’elles, c’est par villages entiers que d’aucuns procèdent. Sur le site de recrutement, c’est une marée humaine au quotidien. Les candidats affluent en grand nombre de tous les coins du pays. D’aucuns investissent les lieux aux premières heures du jour, pour se donner des chances d’être reçus.
Les chiffres de ces opérations donnent le tournis. Cas de la cinquième session de formation tenue au mois de février 2018 : 1800 jeunes formés, 2,250 milliards empochés par les concernés. L’on parle de 80 000 personnes formées entre 2017 et 2018. Des images prises par des adhérents les montrent pratiquant des exercices militaires et paramilitaires. Bien loin des techniques de secourisme et de la sensibilisation aux valeurs de patriotisme prônées. La situation est telle que les pouvoirs publics ne peuvent demeurer indifférents. Leurs investigations révèlent un mode opératoire basé sur le principe pyramidal de Charles Ponzi : une vaste escroquerie. Le gouvernement prend rapidement ses responsabilités en faisant interpeller les responsables de la Mida et en saisissant certains effets de l’organisation : documents, argent liquide notamment. Depuis, l’affaire est pendante devant les tribunaux.